comme une coque de noix
écrasée rageusement
par un front innocent
ou une semelle sale
devient fissure
et un bras dehors
agrippe l’air
et un trait de lumière
sonne l’appel
du monde ouvert.
Auteur/autrice : hof
pétrir sa normalité
comme une fesse tendue
se libère
le soir venu
du pantalon serré
et de la chaise boursouflée
dans le coeur
d’une main nomade.
xxii
gonfler un espoir
comme le drap blanc
et ensoleillé
laisse s’engouffrer
un battement d’air
et le soulèvement instinctif
est annonciation
et dit
un temps nouveau
arrive.
xxi
comme un bob sur le béton
avance bruyamment
et sagement
je marche
une main prête
à dégoupiller
ce duo claudiquant.
xx
redresser un début de journée
comme un clou mal planté
ajuster avec conviction
une lettre après l’autre
et les deux pieds
se fixent
pour faire corps
avec le jour.
xix
ébouriffer des ailes mouillées
comme la mer frissonne
des échines blanches
sous un ciel noir
une boussole fendue
huit bras
calment le temps
ensemble
avec la plus grande
des amitiés.
xviii
rencontrer un hasard égaré
comme un oisillon tombé du nid
perplexité passagère
indifférence réciproque
vulgaire retenue
à son départ
ma bouche toujours fermée
baigne
dans un trop plein
de mots stagnants.
xvii
chier sur un ventilateur
comme une diarrhée sentimentale
explose une tendre existence
débris d’innocence
des hurlements haletants et répétés
errent dans les ruines d’un quotidien
et l’horreur poursuit
soigneusement
son chemin.
xvi
croiser ses réalités
comme quand un volet claque
chercher la bonne fenêtre de la maison
se pencher
au-dessus du réel
l’une vole
l’autre plane
une troisième s’écrase
toutes me sourient
et je cours vers elles
et elles
me regardent venir
l’air de dire
«il est beau et fou»
et moi
je dis pas non.
xv
refermer la paume exposée
comme une mâchoire sur sa proie
et la mer se retire
et dévoile
un je recroquevillé et nu
et l’ombre scrute
immobile et patiente
cette épave échouée
contre ses mots
avec tendresse.