comme l’inéluctable furieux
après avoir trébuché
cherche vainement
le coupable universel
de ce mal heureux
chassant le hasard
du revers de la main
et fulminant entre ciel et terre
demande à tout va
« l’avez-vous vu passé ce déséquilibré du monde »
et soudain face à lui
le plus célèbre des briseurs d’ordre
– le minuscule imprévu –
le somme une fois pour toute
de la fermer.
comme une mobilisation générale
en rang
les mains levées
brouillent
la lutte des sentiments
à l’intérieur
un champ de bataille.
comme un rêve
un exploit
une matinée
une histoire
ou n’importe quel complément
car à chaque sujet
sa poétique du verbe.
comme une infinité de monde
dos-à-dos
charpente de l’univers.
comme un nez curieux
flaire un livre à moitié ouvert
elle me tient entre ses questions
et tourne rapidement
les pages de mon passé
et moi je réponds
sous la forme de citation.
comme un l fracturé
ou un point tombé
du ciel – et lâcher
où se crée nos différences ?
comme les actes successifs
d’une pièce de théâtre
ouverture sur un paysage blême
sous un ciel noir
claquement de langue
puis au midi
le froid se jette
sur les champs à l’abandon
et tombe le drap du soir
et sa grande couverture blanche
sans un seul coup de vent
mais avec le grésillement
de lourds flocons.
comme le film déroulé
et l’écran noir figé
pour elle
je remonte la pente
de ma journée
et le mots dans ma tête
commencent par dire
hier soir
en pantalon de ski.
comme un plaisir simple
et boire la vie
à chaque gorgée.
comme le rabot
et sa langue rêche
lèche le bois
et les miettes giclent
et s’assoupissent
drôle de puce de lit
au saut unique.