comme l’âne joue à l’âne
amadouer sa lenteur
apprivoiser sa déprime
et caresser sa grisaille
amitié indéfectible
un duo mal-aimé
en plein spectacle
brille sous couvert
d’une scène.
xxviii
comme l’âne joue à l’âne
amadouer sa lenteur
apprivoiser sa déprime
et caresser sa grisaille
amitié indéfectible
un duo mal-aimé
en plein spectacle
brille sous couvert
d’une scène.
comme la digue ose
mètre après mètre
s’avancer et piétiner
la quiétude du large
la gueule d’ange
des éléments répondent
à l’entaille dans l’horizon
et moi couché
au bout de la jetée
j’écoute l’éclat de rire
sur mon visage
d’un soleil introuvable
qui transperce
un ciel que tous pensait
inconsolable
et c’est avec les yeux
grands fermés
et l’haleine salée
que je dors encore.
comme l’arrosage automatique
d’une plante morte
poursuivre une habitude
touiller la braise humide
et de la pointe du bâton
écrire:
saison des cendres
repos et paix
pourquoi la guerre
toujours ?
comme les racines du mélèze
hébétées
par l’air libre
puis pétrifiées
par l’œil du monde
hilare de vie.
comme une maladresse volontaire
lancer une assiette pleine
à un dos tourné
et s’exclamer en retour
tu vis les yeux fermés
ou tu veux pas voir
certaines chose
en face.
xxiv
comme un nuage passe
dans un ciel désertique
et contraste
un paysage insaisissable
une seconde défile
je vois
les rides sur ma dune
et des ombres
fuyant sur la pointe des pieds
le retour de la raison
dans un sursaut solaire.
comme le marteau de la juge
s’abat sur un honneur
et accorde le droit
à la meule de pierre
de broyer
indéfiniment
sa vie.
comme une maille de filet
et quatre noeuds
forment
une mosaïque
d’eau et de vide
et les mots chantés
parlent
à l’étranger
qui sait écouter
les solitudes prononcées
par une voix venteuse
venue du large
par la mer
et porteuse d’espoir.
comme un navire titubant
dans le papier gondolé
et la bouteille d’encre
inerte repose
couchée sur le flanc
les entrailles sèches
et la gueule
encore ouverte.
comme une coque de noix
écrasée rageusement
par un front innocent
ou une semelle sale
devient fissure
et un bras dehors
agrippe l’air
et un trait de lumière
sonne l’appel
du monde ouvert.